Peinture Corporelle - Prélude. [Chapitre 1]

Publié le par Matthieu M.

Douze coups retentissent. Le sol vibre, le pot de peinture brune s’écrase sur le parquet de la chambre de Nicolas. Du moins, si on peut appeler cette pièce, vestige d’années de peinture, de rature,  de déchirure une chambre. Grande d’environ 8m², le coté est complètement vitré, vide, uniquement un tabouret, une table et une toile entamée. Au nord, au sud et à l’ouest c’est l’enchevêtrement de tableaux finis. De tableaux répétant inlassablement les mêmes teintes. Le brun, le pourpre, le noir, le mauve et le gris. Jamais une seule autre couleur. Au centre un lit, éventré, solitaire, désespéré. Un lit crasseux, déformé, représentatif de son unique habitant.


Nicolas les yeux rougis, le bois du pinceau dans la bouche, le rongeant observe la tache brune. Ses yeux épileptiques vont de droite à gauche, de haut en bas, tel un disque rayé dans une frénésie folle. Et soudain s’arrête. Les pupilles se dilatent et un rictus se dessine sur son visage. Il tourne les talons, attrape la toile en cours et la frotte contre la tache de peinture. Il la frotte encore, sans cesse, avec toujours ce rictus imprimé sur son visage. Puis il devient immobile pendant plusieurs secondes, pétrifié et d’un bond se relève et enlève le surplus de peinture du tableau. Et il gratte avec ses ongles la peinture brune, il gratte à en saigner, il revoit les couches de peinture inférieure par endroit, marqué de son sang, il gratte de plus en plus fort, de plus en plus vite. Répandant son sang sur le tableau. Il jubile, il pose le tableau sur son pied, s’éloigne et observe. C’est parfait, c’est magnifique. Des taches noires, pourpres et mauves dissimulées par un brun à la texture rugueuse à l’œil, et des coulées de sang déjà coagulé, d’un rouge sombre, d’un brun plus clair que celui de fond.


Ce sont ces coulées qui fascinent Nicolas, il l’a enfin. Son idée, l’idée qu’il attendait tant. Son art, à lui. Il sort de sa chambre et descend les 314 marches de la tour de l’église dans laquelle il vit, le rictus s’étirant, ses pupilles dilatées, laissant presque apercevoir le fond de son âme malade.

 



Chapitre 2 bientôt.

Publié dans Ecriture.

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S
Haaaaa beurk beurk beurk !<br /> <br /> Cette envouement que le sang produit chez cet homme me rappelle un passage du livre Biographie de la faim d'Amélie Nothomb.<br /> Bon, le passage en question est situé vers la fin alors ça veut dire que t'es obligé de tout lire ^o^ !<br /> <br /> Nan, mais j'adore ton texte... Je crois que j'aime tout ce qui me dégoute en fait (wah ^^) !
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E
Mais de rien. Puis je ne complimente pas pour le plaisir de complimenter. Si je dis du bien, c'est que je le pense vraiment... Ton merci m'a amplement suffit =). J'viens de lire ton dernier Post, et décidément, j'vais revenir souvent ici je pense. ;o) <br /> <br /> Oui je commence les romanes. On a probablement un point commun. Tu as l'air d'aimer l'écriture.. J'aime ça aussi. ( pour cela donc que j'aime lire ce que tu écris =) )
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